Le mouvement des « gilets jaunes », comme tout mouvement de contestation, a su créer un espace politique, un « trou » qui agit comme un appel d’air et dans lequel s’engouffrent depuis des semaines les plus virulents acteurs antidémocratiques, extrémistes et antirépublicains.
La libération de la parole antisémite à travers des slogans, des tags ou des pancartes en est l’expression. L’antisémite n’en veut pas au juif pour ce qu’il fait, ce qu’il a, ni même ce qu’il est. La preuve : il lui en veut encore quand il n’est plus. Ici, on balafre d’une croix gammée le visage de Simone Veil, et là, on arrache un arbre à la mémoire d’Ilan Halimi.
Cette haine qui veut « faire la peau » même aux morts raconte qu’elle ne s’arrêtera pas aux juifs qu’elle vise toujours d’abord. Elle agit, comme toujours, en précurseur d’une haine généralisée, qui frappe le juif sous la forme d’une répétition générale. « Quand vous entendez dire du mal du juif, disait Frantz Fanon, tendez l’oreille, on parle de vous ! »
Delphine Horvilleur
Les mensonges semblent souvent beaucoup plus évidents et attrayants à l’esprit que la vérité, parce que le menteur a le grand avantage de savoir à l’avance ce que le public a envie d’entendre.
Hannah Arendt