Wilo, la basket végane 100 % végétale made in Maine-et-Loire
OuestFrance
Par Marion AUVRAY
L’usine Acerti au Longeron, dans le Maine-et-Loire, confectionne sur des machines d’un autre temps des chaussures sans produit animal ni plastique, imaginées par un Lyonnais et sa sœur.
On la croyait éteinte, l’industrie de la chaussure. Les grands groupes ont d’ailleurs déserté son berceau maugeois depuis longtemps, laissant les usines prendre la poussière et de nombreux salariés sur le carreau. Pourtant, quelques irréductibles y croient encore. Et réinventent le soulier.
C’est le cas de l’usine Acerti au Longeron (commune déléguée de Sèvremoine), dans le Maine-et-Loire. Il y a deux ans, elle avait pourtant fermé ses portes. Reprise par dix professionnels de l’orthopédie locale motivés, la voilà revenue sur les rails. Et depuis quelques mois, ses neuf salariés planchent sur un drôle de produit : la basket végane Wilo, 100 % végétale.
Made in France
« Quand j’ai visité l’usine, j’ai eu un coup de cœur à la fois pour les gens et pour leur savoir-faire », confie David Chapon, cofondateur de la marque lyonnaise Wilo avec sa sœur Marine.
La semelle de sa basket, en lait d’hévéa – l’arbre à caoutchouc, est réalisée à Panissage (Isère) et il a fait appel à Acerti pour réaliser le reste. Patronage, découpage, couture… Tout se passe dans les Mauges. « Les lacets viennent de la Société Choletaise de Fabrication, à 20 kilomètres d’ici », ajoute-t-il.
Et ce qui a plu à ce jeune entrepreneur de 31 ans, c’est aussi de faire marcher la filière locale. « C’est un atelier à taille humaine contrairement à des usines qui produisent en masse, où il y a de la sous-traitance un peu opaque. Ici, on suit tout de A à Z. »
Et il y en a eu des étapes. Créer la tige idéale – la partie supérieure de la chaussure – n’a pas été une sinécure. « On a eu au moins 15 prototypes », sourit David Chapon. C’est que sa basket, il la veut parfaite. En toile de coton doublée et naturellement déperlante, le soulier est costaud mais aussi réparable. La semelle, une fois usée, pourra être remplacée facilement.
Financées à 181 %
Le trentenaire, ingénieur en efficacité énergétique de formation, n’y connaissait pas grand-chose au rayon chaussures avant de pousser la porte d’Acerti. L’écologie, par contre, c’est son dada. « L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. Notre idée c’est de proposer une chaussure sans produit animal, sans plastique et surtout durable. »
Au sein de l’usine, la basket Wilo est passée de mains en mains plus d’une centaine de fois, chacun ajoutant son grain de sel dans son élaboration. Prochaine étape : la décliner dans toutes les tailles. Et les grandes pointures ne seront pas en reste, son créateur y tient, lui-même chaussant… Du 46.
Le projet, déposé sur le site de financement participatif Ulule a explosé les scores (181 %). Près de 300 paires ont déjà été prévendues (la basket Wilo est en prévente ici). « Nous aimerions commencer à lancer la production en fin d’année, pour une livraison au mois de février », indique-t-il.
En attendant le grand jour, les petites mains s’activent, au rythme de machines au grand âge. C’est qu’elles ont du travail. Outre les Wilo, elles fabriquent aussi les modèles d’autres jeunes pousses locales, comme les sandales vendéennes French Théo. Elles créent également des modèles orthopédiques sur-mesure. Machines antiques peut-être, mais efficaces. L’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour ces vieilles demoiselles robustes.