Une femme pour faire suivre la vôtre : le boum des détectives privées au féminin
RTL
Elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir se faire une place dans ce milieu historiquement dominé par les hommes. "Madame Figaro" passe à la loupe le quotidien des femmes détectives privées.
Détective privé se conjugue de plus en plus au féminin. Ce vendredi, Madame Figaro s'intéresse aux femmes qui ont décidé de devenir détectives privées. Figurez-vous qu’il y en a de plus en plus. Une vocation qui surprend dans ce métier autrefois quasi-exclusivement masculin.
Julie, élégante parisienne de 36 ans a l’habitude qu’on ne la croit pas quand elle dévoile son métier. Et pourtant. Il faut s’y faire, en 2021, un privé, comme on les surnomme est souvent une privée. C’est d’ailleurs une femme, Elie Quenet, 54 ans, qui a été élue à la tête du principal syndicat de la profession, l'été dernier.
Quand elle a commencé en 1999, il suffisait d’un casier vierge et d’une autorisation préfectorale. La plupart des détectives étaient souvent des anciens policiers, des gendarmes, des paparazzis, et même des autodidactes en mal d'adrénaline. Avec des méthodes parfois douteuses et des tarifs à la tête du client.
Une formation en droit et en techniques d'enquête
Depuis 20 ans, le métier a gagné en professionnalisme. Il faut désormais une formation en droit et en techniques d'enquête. Le milieu a également perdu en testostérone. Dans les quatre filières reconnues par l’Etat, il y a aujourd'hui autant de filles que de garçons, voire même parfois davantage de filles…
Claire a 27 ans. Elle a été diplômée en 2018. À l’origine, elle s’imaginait commissaire de police, mais un stage en PJ l’a dissuadée. Depuis cette motarde est devenue une spécialiste de la filature en deux-roues. Les profils sont variés. À Poitiers par exemple. Carole rêvait depuis son enfance de devenir détective privée.
Cela faisait d’ailleurs bien rire ses camarades et ses profs. Elle a d’abord été chauffeur poids-lourds pendant 10 ans avant de revenir à sa première vocation. À 35 ans aujourd’hui, elle a sa propre agence et son passé professionnel lui reste encore bien utile quand il s'agit d'infiltrer un entrepôt, conduire un chariot élévateur ou un transpalette.
Les filles attirent moins l’attention
Margaux, elle, avait d’abord choisi le journalisme. Après un début de carrière prometteur, elle était déçue de n'être qu'une spectatrice. Elle a donc décidé de passer à l’action. Son meilleur atout, peut-être : son visage enfantin. Difficile d'imaginer, en la regardant, que derrière se cache une redoutable enquêtrice. Elle le reconnait elle-même, les filles attirent moins l’attention.
Nous pouvons entrer dans les immeubles, parler aux passants, attendre à la sortie d’une école sans susciter la moindre méfiance. Alors certes, leurs collègues masculins se fondent parfois mieux dans le décor quand il s’agit d'aller sur un chantier ou dans une banlieue difficile.
Facilité à se "désilhouetter"
Mais la syndicaliste Elie Quenet rappelle avec une pointe d’ironie qu'il ne faut jamais sous-estimer la capacité des hommes, à sous-estimer les femmes. Les détectives au féminin qui ont également un gros avantage : leur facilité à se "désilhouetter", comme elles disent, modifier leur apparence, cheveux attachés ou détachés, changer de lunettes, de chaussures, de tenue. C'est capital pour éviter de se faire repérer. Elles gardent toujours sous la main leur trousse de maquillage.
Un métier difficile, où il faut accepter de ne pas compter ses heures. Claire, la motarde, n’oubliera jamais l’interminable filature qui l’a menée, au guidon de son scooter 125 depuis Paris jusqu’au nord de la Bourgogne. Avec un trajet retour dans la nuit, le froid et la pluie…
Un rythme difficile à conjuguer avec une vie privée. Elodie, mère célibataire de 44 ans a décidé de faire un trait sur les filatures et sur les planques, pour s’occuper de son fils. Elle se concentre désormais sur le recueil de témoignages et sur les enquêtes de voisinage. C'est plus facilement compatible avec son emploi du temps de mère de famille.