"Les Trois Mousquetaires" : qui étaient vraiment les mousquetaires dans l’histoire de France ?
À l'occasion de la sortie évènement du film "Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan", les équipes de RTL ont enquêté sur les vrais mousquetaires, les soldats du roi Louis XIII. Olivier Renaudeau, conservateur du département ancien régime au Musée de l’armée, revient sur l'histoire de ces soldats d'élite.
En 1622, Louis XIII décide d'équiper de mousquets, c'est-à-dire d'armes lourdes de très gros calibre (voir photo), un petit corps de cavaliers qui va constituer sa garde rapprochée, donnant ainsi naissance aux mousquetaires. "Ce sont des hommes destinés à escorter le roi lorsqu'il se déplace : ils galopent devant son carrosse pour lui ouvrir la route", explique Olivier Renaudeau, conservateur du département ancien régime au Musée de l’armée. Mais ils sont également réquisitionnés pour participer aux combats et à la guerre, où ils se battent à pied et sont chargés du premier assaut.
"Les mousquetaires représentent ce que l'on pourrait appeler 'les commandos' ou 'les forces spéciale' de l'époque", illustre Olivier Renaudeau. C'est à eux que l'on délègue les opérations les plus meurtrières et les plus dangereuses au sein de l'armée royale. Cependant, ils ne représentent qu'au maximum 200 hommes, "c'est donc un corps extrêmement réduit", précise le spécialiste.
Il faut savoir, par ailleurs, que les mousquetaires sont des garçons très jeunes puisque, souvent, les soldats commencent leur carrière militaire dans ce corps et sont recrutés à 16/17 ans. "On les choisit pour leur capacité à impressionner l'adversaire, leur vaillance, leur courage, leurs capacités physiques et leur engagement", détaille Olivier Renaudeau. Le corps mousquetaire est ainsi un corps de formation ou une sorte d'académie à la vie militaire et ce que l'on attend d'eux, c'est un véritable sens du sacrifice. L'objectif de tous ces jeunes gens étant de se retrouver, au bout de quelques années, "et s'ils survivent", avec un brevet d'officier de l'armée royale.
Beaucoup de jeunes gascons
Mais avant cela, il faut déjà rentrer dans le corps des mousquetaires et à l'image de D'Artagnan, ce n'était pas toujours évident. "On y rentre généralement par recommandation et les gentilshommes bien nés sont privilégiés, ce qui est assez bien représenté chez Alexandre Dumas", souligne le conservateur. D'ailleurs, les mousquetaires sont souvent des gascons, car la noblesse gasconne est pauvre en raison du système d'héritage qui ne bénéficie qu'à l'aîné : les cadets de famille sont obligés de choisir entre l'Église et la vie militaire.
Les cadets de Gascogne sont ainsi envoyés à Paris sur recommandation de leur famille. "Recommandation qui vient d'ailleurs pour un grand nombre du Comte de Tréville, lui-même gascon", précise Olivier Renaudeau. Ils montent à la capitale sur un mauvais cheval, exactement comme notre D'Artagnan avec son cheval jaune, qui lui vaut bien des moquées à son arrivée. Et ils n'ont comme seuls biens que leur épée et leur vaillance quand ils rentrent chez les mousquetaires.
Des personnages historiques... et des libertés artistiques
À savoir également que D'Artagnan, Athos et Aramis ont vraiment existé, "mais ils avaient des noms un peu plus compliqués que ceux qu'Alexandre Dumas leur a donnés et l'auteur a légèrement modifié la chronologie", précise Olivier Renaudeau. D'Artagnan est davantage un serviteur de Louis XIV qu'un serviteur de Louis XIII. Il arrive au service du roi une vingtaine d'années après la date avancée par l'auteur.
Athos est un jeune mousquetaire qui va être exécuté au duel peu de temps après son entrée au corps. Isaac de Portau, dit Porthos, est un gentilhomme protestant. Quant à Aramis, c'est un gentilhomme de Gascogne qui, contrairement au roman, va avoir de nombreux enfants et une longue descendance.
Quant à la fameuse devise "un pour tous, tous pour un", Olivier Renaudeau est catégorique : il s'agit d'une pure invention de Dumas.