Zealandia, le huitième continent englouti, a transformé notre planète, voici comment
OuestFrance
Englouti à l’est de l’Australie, il porte le nom de Zealandia et est considéré comme le huitième continent. Une trentaine de scientifiques sont partis l’étudier en 2017. Les échantillons viennent de parler et les résultats sont surprenants.
Sa superficie est d’environ 5 millions de kilomètres carrés. La Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie sont des parties « rescapées », émergées, de ce mystérieux continent englouti.
Ce huitième continent, baptisé Zealandia par les scientifiques, est immergé depuis plusieurs millions d’années. En effet, 95 % de sa surface sont sous l’eau. Ce n’est qu’en 2017, grâce à des images satellites, que les chercheurs ont découvert cette immense plaque terrestre.
Elle livre peu à peu ses secrets. Des scientifiques viennent de publier le résultat de leurs dernières recherches dans la revue Geology.
En 2017, quelques mois après cette découverte, une expédition scientifique de 32 chercheurs, issus de 13 pays différents, est partie dans l’océan Pacifique. Le but ? Réaliser des forages dans le continent immergé afin d’en apprendre plus sur sa nature et son origine.
Comme l’expliquait en 2017 Stephen Pekar, membre de l’expédition, dans un document du Programme international de découverte des océans : « Les carottes (de forage) sont un peu comme des machines à remonter le temps, nous permettant de voyager de plus en plus loin dans le passé. »
Fin 2017, les premiers résultats tombent. Ils apprennent d’abord aux scientifiques que Zealandia a été un continent riche d’une faune et d’une flore plurielles.
« La découverte de terres submergées et de mers peu profondes est la preuve qu’il existait des chemins pour que les animaux et les plantes puissent circuler dans cette région du monde », précisait alors Rupert Sutherland, de l’Université de Victoria en Nouvelle-Zélande et également codirecteur de l’expédition au Programme international de découverte des océans.
L’impact sur le climat du huitième continent pointé du doigt dès 2017
Mieux, le climat de Zealandia aurait été complètement bouleversé au fil des années. Le professeur Gerald Dickens, codirecteur de l’expédition et professeur à l’Université de Rice aux États-Unis, expliquait notamment que le plancher océanique était beaucoup moins profond qu’aujourd’hui.
« La découverte de coquilles microscopiques d’êtres vivants qui évoluaient dans des mers peu profondes, et la présence de cellules et de pollens de plantes terrestres montrent que la géographie et le climat de Zealandia étaient radicalement différents par le passé. »
L’autre grande découverte ? Le huitième continent fait en réalité partie d’une plus grande et vieille entité : Gondwana. Un « super continent », réunissant l’Afrique, l’Inde, l’Antarctique, l’Amérique du Sud et l’Océanie, qui s’est fissuré il y a 160 millions d’années. Zealandia en serait un morceau, en quelque sorte.
Il y a quelques jours, les scientifiques ont publié les premiers résultats de leurs recherches dans la revue scientifique Geology. Les résultats sont sidérants : l’immersion de Zealandia aurait eu des effets majeurs au fil du temps, comme « changer la profondeur des mers, conditionner les migrations des espèces, modifier les courants océaniques et même le climat mondial », rapporte Laia Alegret, la paléontologue espagnole qui a participé à l’expédition de 2017, au journal El Mundo.
Grâce aux analyses effectuées sur des milliers de fragments du continent, les scientifiques ont pu établir la naissance du huitième continent. Deux événements tectoniques en seraient à l’origine. D’abord par la fracture, du fameux super-continent Gondwana, il y a 80 millions d’années. Ce qui lui a permis de se séparer de l’Océanie et de l’Antarctique.
Puis par une série de tremblements de séismes qui aurait façonné ses paysages. « Il a été possible de préciser le mouvement des plaques tectoniques, qui semble être lié à la formation de la ceinture de feu du Pacifique », précise la scientifique espagnole dans les colonnes d’El Mundo.
Un phénomène capable de changer la géographie de la planète
La ceinture de feu du Pacifique est un mystérieux phénomène. Il s’agit d’une zone de volcans et de séismes qui s’étend du long des côtes occidentales de l’Amérique du Nord et du Sud, au-delà de l’Alaska et du Japon, puis à travers le Pacifique occidental jusqu’en Nouvelle-Zélande. Une zone toujours existante.
Mais les scientifiques se veulent rassurants. « Il n’y a probablement pas d’analogie actuelle de ce processus », constate les chercheurs dans la revue Geology.
En revanche, ils affirment que ce type phénomènes, s’ils venaient à se reproduire, pourrait « modifier de façon spectaculaire la géographie de notre planète ». Les scientifiques vont même plus loin dans leur publication en expliquant : « Cet événement a créé des ressources naturelles, a affecté le climat mondial et changé la direction et la vitesse de déplacement de presque toutes les plaques tectoniques de la planète. »
La disparition du huitième continent a donc été le fruit d’un « événement d’importance mondial », d’après les chercheurs. Et l’étude de Zealandia pourrait permettre de mieux appréhender « la prévention des risques géologiques tels que le volcanisme ou les tremblements de terre », assure Laia Alegret à El Mundo.