Mais pourquoi les joueuses de tennis gémissent-elles autant?
"J'ai commencé [à crier] car Monica Seles
était ma joueuse préférée quand j'avais dix ans.
C'était il y a 20 ans et depuis je n'ai pas arrêté."
(Venus Williams, devant la presse,
il y a quelques jours à Roland-Garros)
"Han Hiiiiiiiii" , "Haaaaaaa", "Hiiiiiiiiiii"… Les courts de tennis ressemblent parfois plus à des chambres à coucher qu’à des terrains sportifs. Roland-Garros, on le constate depuis dix jours, ne déroge pas la règle. Les joueurs, et plus encore les joueuses, expriment pleinement leur "énergie". Une énergie vocale parfois ambiguë, qui, si l’on ferme les yeux, nous mène vers d’autres pensées plus coquines.
Des hurlements sur les courts, ça devient non seulement une habitude mais aussi une polémique. Devant la multiplication de ces explosions vocales, d’autres voix s’élèvent, mais pour réduire au silence les sportifs. Depuis deux ans, le so british tournoi de Wimbledon songerait par exemple à interdire les cris, voire à sanctionner les joueuses et joueurs trop expressifs.
En ce moment, c’est la jolie et non moins talentueuse Maria Sharapova qui défraie régulièrement la chronique. A défaut d’être numéro une mondiale, la Russe, 13e à la WTA, jouit, selon ses petites camarades, de la meilleure vocalise.
Ses cris auraient même été mesurés à 101,2 décibels en 2005, à Wimbledon, soit l’équivalent sonore du passage d’un train dans une gare.
Mais Sharapova n'est que la digne héritière de Monica Seles, l'Américaine qui a lancé la mode à la fin des années 80. Elle avait le don d’irriter ses adversaires avec son si particulier « han hiiii », lâché à chaque coup de raquette.
On se souvient de Tauziat ou Navratilova, exaspérées, qui avaient demandé, en vain, à l’arbitre d’intervenir à Wimbledon en 1992. A côté, Serena Williams fait pâle figure avec ses 93,2 pauvres décibels enregistrés lors du tournoi londonien.
Au fait, pourquoi tant de cris ? Pour Makis Chamalidis, psychologue auprès de la Fédération française de tennis interrogé par le quotidien suisse Le Temps, il faut distinguer deux situations : "Il y a des entraîneurs qui poussent à ça. Quand c’est appris, comme on le voit dans certaines académies, cela touche au rituel, voir à la superstition, avec l’idée que si on ne crie pas, on ne va pas bien jouer."
Deuxième raison avancée, lorsque le cri est quasi inconscient, en tous cas plus naturel. C’est alors "une forme d’animalité qui s’exprime. Là, on est dans l’idée d’aller au bout de son geste, au bout de son instinct", poursuit le psychologue. Il y aurait donc explications à ces cris : la force de l’habitude ou la démonstration d’une immense rage de vaincre.
Et l’impact sur le jeu me direz-vous ? Selon une étude du Dr Dennis O’Connell, rapportée par le journal canadien National Post (en anglais), les bénéfices du cris sur le court sont réels. Ce professeur de physiothérapie à l’Université Hardin-Simmons, à Abilene (Texas), estime qu'une joueuse augmente la vitesse de son service de plus de 4 miles par heure - soit plus de 6,4 km/h - lorsqu’elle crie au moment de frapper !