Pour pouvoir passer avec son tracteur, un agriculteur belge a déplacé la frontière française
OuestFrance
Un agriculteur belge a déplacé d’un peu plus de deux mètres une borne en pierre, installée il y a deux siècles pour délimiter la frontière entre la France et la Belgique. Résultat : la petite commune du Nord de Bousignies-sur-Roc a perdu une partie de sa superficie au profit du village belge d’Erquelinnes. Une situation insolite que les deux bourgs voisins ont prise avec humour en attendant que cette bévue soit réparée.
L’affaire aurait sans doute donné lieu à un conflit diplomatique il y a plusieurs décennies. Aujourd’hui, même si elle est prise au sérieux, elle fait plutôt sourire les élus de deux petites communes frontalières, en France et en Belgique.
Ces dernières semaines, le petit bourg de Bousignies-sur-Roc, dans le Nord, s’est vu grignoter une partie de son territoire par son voisin le village belge d’Erquelinnes, relate La Voix du Nord . Le plus surprenant dans cette histoire, c’est que c’est un agriculteur belge qui aurait déplacé la frontière. Et ce n’est pas une blague.
Une frontière du traité de 1820
Entre les deux pays, les 620 km de frontières terrestres sont jalonnés par des bornes de pierre qui n’ont pas bougé depuis deux siècles. Elles sont le fruit du Traité de Courtrai, signé en 1820 entre la France et les Pays-Bas, à la suite de la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815.
A priori, gêné pour le passage de son tracteur par une de ces bornes adossée à un arbre, l’agriculteur l’aurait « déplacé d’un peu plus de 2 mètres », a expliqué au quotidien régional Aurélie Welonek, la maire du petit village français de 400 habitants. Il aurait ensuite « repositionné sa clôture sur des arbres qui appartiennent au bois de Bousignies ».
La découverte de passionnés d’histoire
L’affaire aurait pu passer inaperçue. Car avec l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes, la plupart de ces bornes-frontières sont tombées dans l’oubli et beaucoup sont enfouies sous la végétation.
Mais c’était sans compter sur trois passionnés d’histoire locale, qui s’appliquent à rechercher et réhabiliter ces vestiges. Ce sont eux qui se sont aperçus que le village français avait perdu un bout de terre ces derniers jours. « Au cours d’une chasse au trésor dans le bois du Féfu à Bousignies-sur-Roc, cartes d’époque à la main, ils se sont aperçus que quelque chose n’allait pas », précise La Voix du Nord. Renseignement pris auprès du propriétaire, leur intuition était bonne : l’agriculteur a bel et bien violé le Traité de Courtrai !
L’élue de la commune français et le bourgmestre belge en ont été informés. Ce dernier « va demander à l’agriculteur concerné de remettre le plus vite possible la borne pour ne pas créer d’incident diplomatique », a indiqué à France Bleu Nord la maire de Bousignies-sur-Roc.
Un précédent en 1930
Mais que se passerait-il si l’exploitant s’y refusait ? L’affaire pourrait « remonter au ministère des Affaires étrangères » et « selon le fameux Traité de Courtrai, une commission franco-belge devrait se réunir pour déterminer le tracé exact de la frontière », précise France Bleu Nord.
Une situation qui ne serait pas arrivée depuis 1930, selon le bourgmestre belge. Cette éventualité paraît néanmoins peu probable, selon les deux municipalités, qui assurent dans les médias locaux que cette affaire va se régler à l’amiable.