La méthode d'un Toulousain pour jouer du piano sans savoir lire une partition
LaDepeche
Le Toulousain André Antibi, ancien professeur émérite de mathématiques à l’université Paul-Sabatier, propose une autre approche du piano. Sans passer par le solfège, juste pour le plaisir... Interview.
Pourquoi avoir imaginé une nouvelle méthode d’apprentissage du piano ?
Pour moi, la musique c’est aussi important que mon métier d’enseignant-chercheur en mathématiques et en sciences de l’éducation. Je joue de cinq instruments et depuis mon plus jeune âge, j’adore ça. J’ai été responsable de groupes musicaux, animateur de soirées dès mes 19 ans. Je compose des chansons et je les interprète. J’ai réalisé deux CD. C’est tellement important et positif que je veux en faire profiter le plus grand nombre. C’est très triste de voir des personnes exclues du monde musical et des plaisirs énormes qu’il apporte. J’ai toujours eu du plaisir à initier des amis sur ce chemin. J’espère que ce livre permettra au plus grand nombre de personnes de partager cet immense plaisir.
En quoi cette méthode est-elle révolutionnaire ?
Le mot révolutionnaire est peut-être un peu fort. Ce qui est vraiment nouveau c’est la facilité d’accès au jeu. Au piano, il y a usuellement deux lignes, une pour la main droite et une autre pour la gauche, sur une partition. En général, ce n’est pas du tout facile à lire. Le solfège demande des années d’apprentissage. Beaucoup au bout de 15 ans ne sont toujours pas capables de lire à vue une partition. Ce que je propose, pour le piano d’accompagnement, c’est un moyen d’apprentissage bien plus simple où on n’a pas besoin de lire une partition de musique. Je passe par l’harmonie, les accords. J’ai repris l’idée d’introduire un codage de ces notions simples d’harmonie, présentées usuellement sous forme de grilles d’accords dans lesquelles sont indiqués les accords successifs adaptés à une mélodie. Mais en plus, et c’est le point important vraiment nouveau, j’utilise des grilles rythmées de mon invention. Il s’agit d’un codage très simple qui désigne la manière de jouer les accords, ce qui permet d’obtenir plusieurs types d’accompagnement, plus d’une dizaine. C’est une sorte de solfège mais beaucoup plus simple. On peut accompagner ainsi, par exemple, des boléros, des slows, des marches, des valses… Avec les accompagnements obtenus en lisant une grille rythmée, on a vraiment l’impression de jouer une partition, qui serait très difficile à lire dans le cadre du solfège usuel. C’est donc une simplification énorme pour le piano d’accompagnement.
Tout le monde peut-il devenir un bon pianiste sans prédispositions naturelles ?
Pour moi, la musique n’est nullement associée à un esprit de compétition, selon lequel il y aurait des bons, des moins bons, des mauvais. C’est avant tout un moyen d’expression. Il est possible de s’exprimer avec sentiment avec peu de technique, et d’autre part il arrive souvent que certains musiciens, malgré une grande technique, ne font passer aucun sentiment… Avec cette approche de la musique, je suis convaincu que tous ceux qui utilisent la musique comme un moyen d’expression peuvent être de bons musiciens. La lecture du solfège n’est qu’un aspect secondaire. De manière analogue, on peut être un bon orateur sans être un bon lecteur.
Vous êtes l’auteur de la « Constante macabre » sur l’évaluation des élèves, ce principe s’applique-t-il à l’apprentissage de la musique ?
Ce principe s’applique parfois pour la musique dans certaines écoles de musique attachées à une certaine forme d’élitisme où l’objectif semble être la formation de futurs virtuoses. L’un des objectifs de ce livre est d’éradiquer cette tendance qui conduit souvent au découragement d’un très grand nombre d’élèves. Signalons toutefois que dans le cadre scolaire, la musique est souvent une discipline moins importante que d’autres et son enseignement n’a pas l’objectif de former des élites. La constante macabre y est alors peu présente.
Votre livre (1) est préfacé par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, c’est une reconnaissance ?
C’est un grand honneur pour moi de bénéficier de la préface de Jean-Michel Blanquer, dont j’ai toujours apprécié la sincérité, et le réel souci de lutter contre l’échec scolaire, en encourageant le travail des élèves. Je trouve excellente son initiative d’encourager la musique à l’école.
(1) « Le piano d’accompagnement vite et bien avec les grilles rythmées ». 135 exercices corrigés sont disponibles sur un DVD distribué avec le livre diffusé par Nathan.