La classe je l'ai connue presque comme sur la photo, ce n'était pas un instituteur, mais une institutrice, elle nous donnait des baffes et nous faisait chanter "honneur et gloire à l'école laÏque qui nous a appris à penser librement".
D'une école religieuse on était passé à une autre religion, qui se réunissait avec des petits tabliers sur le ventre et des momeries ridicules (parce que laÏques sans l'excuse de vouloir plaire à un Dieu).
Le chabrot, ce n'est pas si oublié que ça, je tiens toujours à maintenir la coutume dans ma famille, mes filles s'y sont risqué. Faut pas laisser perdre les bonnes choses. "Un bon chabrot vaut une chemise sèche" disaient les moissonneurs.
Faire sa saucisse soi même comme ces gens avec le hachoir, j'ai connu ça il y a bien longtemps dans la cuisine de ma grand mère, quand avec des amis mon grand père se partageaient un cochon. Dans les années 70 encore Marc Garanger, un excellent photographe de publicité avait réalisé un "film cochon", qui débutait par le départ au petit matin, sur sa mobylette : du tueur, qui venait donner le départ pour transformer "lou moussu" ou "le sénateur" (noms donnés d'habitude au "tessou") en charcuteries diverses.
Je me souviens bien des "péteïrolles" pendues sous une étagère pour faire sécher le "grillon". À la ville, nous avions la glacière isolée par des épaisseurs de balsa, faute de polystyrène, et le livreur qui portait des pains de glace. D'ailleurs à la faillite d'une fabrique de glaciaires nous avions acheté avec des copains une poutre de balsa de quatre mètres de long, ramenée à pieds, en traversant la ville les gens nous trouvaient sacrément costauds... Le matin on entendait crier le "peïarot" il venait ramasser les peaux de lapins et les "peilles" vêtements hors d'usage.
Manque de télé ou de téléphone ? sur la route d'Agen, la maison de mes grands parents où nous allions passer les vacances d'été, au début des années cinquante n'avaient pas ces modernismes. Nous nous éclairions au pétrole, les voisins s'éclairaient au carbure. L'eau venait du puits et Dieu seul sait le "jus" de quels insectes nous buvions; personne n'en est mort. Le beurre se conservait dans un bol d'eau pour ne pas qu'il rancisse. Le reste dans le garde manger aux mailles trop fines, même pour les moucherons.
La famille le soir parlait, racontait des histoires, jouait aux cartes, selon l'inspiration du moment. À force d'imaginer des contes mon père et mon oncle pour jouer aux speakers de radio, ont improvisé un soir des chansons qui ont été accepté à la SACEM de l"époque; (ce n'est pas pour autant qu'elles ont été jouées). Avec mes frères nous dessinions les aventures de différents héros, le conducteur du tracteur jouet en était la vedette c'était bien pratique parce qu'assis on pouvait le mettre dans les avions, les bateaux, que nous fabriquions la journée. Mon oncle nous aidait il avait dans les années précédentes, pendant la guerre collectionné des photos d'avions: spitfire, mustang, thunderbolt, corsair, découpées et collée dans des carnets avec au milieu la fusée lunaire d'Ananof et sans doute aussi des engins dus à Alex Raymond ou Mac Raboy, qui n'avaient rien de scientifique. Le dimanche je me souviens avoir vu mon père et mon oncle jouer au tennis sur la Nationale 21, en s'écartant lorsqu'une voiture arrivait. Ce serait dur aujourd'hui...
Qui se souvient encore, je ne cesse de le regretter, de la chasse volante ou chasse Galière ? Qui se souvient d'éviter les lavandières de la nuit ? La cambo cruzo, le drac, le lébérou ? Qui sait encore que c'est la chaucho vieilho qui vient se coucher sur son ventre la nuit après un repas de carnaval, et pèse de plus en plus au risque même de l'étouffer ? Qui se méfie de la maraouque cette bête qui vit dans les mares et attire les petits enfants pour les noyer ? Qui raconte encore les trois cheveux d'or du diable (des plumes certaines fois) ? Qui connaît les exploits de Jean de l'Ours ?
Dans le pays de Morticia, je l'ai appris plus tard la chasse Galière s'appelle la mesnie Hennequin, mais c'est la même !