COMMUNAUTARISME HUMANITAIRE
Par Gérard Biard - 21/03/2016
Et si, contrairement à ce qu'on peut lire un peu partout depuis plusieurs jours, l'Union européenne et ses 28 États membres avaient fait preuve d'une grande humanité en décidant de renvoyer tous les nouveaux demandeurs d'asile syriens, libyens et autres en Turquie ? Tâchons quelques instants de maîtriser nos réflexes de droits-de-l'hommistes germanopratins pour nous mettre à la place de ces malheureux qui viennent de pays dévastés par la guerre et la famine, fuyant des régimes totalitaires meurtriers et des religieux fous furieux qui décapitent les impies, lapident les femmes impudiques et précipitent les homosexuels du haut des immeubles... N'est-ce pas un peu inconséquent de les plonger du jour au lendemain dans un bain 100 % démocratique, où l'on mange de la saucisse à tous les repas, où les filles circulent à moitié nues et où l'on marie les gens de même sexe ? La Turquie de 2016 n'est-elle pas, au fond, le sas de décompression idéal, qui leur permettra de s'acclimater petit à petit, sans subir un choc thermique trop violent ?
Les dirigeants européens ne s'y sont pas trompés. Cet État dirigé par un autocrate mégalomaniaque, bigot, misogyne et homophobe, où l'on jette journalistes et opposants en prison, où l'on écrase les minorités, qui est la proie d'attentats toujours plus fréquents et dont certaines régions sont au bord de la guerre civile, est bien le meilleur endroit où tous les déracinés du Moyen-Orient en feu pourront trouver repos et refuge sans connaître un mal du pays trop important. Une cellule psy, en quelque sorte. Il reste à savoir s'ils en sortiront, de cette cellule, et dans quel sens... Mais, ça, c'est l'affaire de la Turquie souveraine.