Démonté il y a 30 ans, ce château bordelais est à vendre… en kit de 5 389 pièces
OuestFrance
Avis aux amateurs de patrimoine historique et… de puzzle ! Un château français du XIXe siècle démonté pendant les années 1990 en plus de 5 000 pièces est à vendre. Montant de l’achat : 7,5 millions de dollars, livraison non incluse.
C’est une offre qui ne passe pas inaperçue. Du genre, celle qui fait hausser les sourcils et ouvrir grand la bouche. En France, un château datant du XIXe siècle est vendu en kit. Avis aux amateurs de Lego®, de casse-tête et de puzzle en tous genres, la demeure à l’architecture néoclassique est mise sur le marché en 5 389 pièces.
L’édifice en question ? Le château d’Estoua, un monument achevé en 1890 à Gabarret (Landes) dans le sud-ouest de la France, construit par l’architecte René Sergent. Jamais habité, mais propriété de la famille Dubarry de la Salle, hommes de lois et architectes de Toulouse, le monument a été acheté et démonté « à la main » en 1989 par Claude Lacoste, un maître tailleur de pierre, relate le quotidien américain The Wall Street Journal qui s’est fait l’écho de cette histoire.
Un château vendu 6,9 millions d’euros
Après plusieurs projets de reconstruction capotés – comme la transformation du château en un club house pour un terrain de golf ou la rénovation de l’édifice en un complexe hôtelier de luxe américain situé sur les collines de Malibu – la demeure a été achetée en novembre 2020 par Alisanne Frew, une antiquaire américaine spécialisée dans les belles pierres de récupération.
Celle qui habite Paris depuis plusieurs années dit avoir payé les pièces 2,25 millions de dollars, soit un peu plus de deux millions d’euros. Après avoir investi 650 000 dollars supplémentaires, elle espère revendre l’édifice à 7,5 millions de dollars, soit près de 6,9 millions d’euros. « Le prix d’achat comprend deux conteneurs de blocs de pierre supplémentaires [pour rénover et agrandir l’édifice – NDLR] provenant de la carrière bordelaise d’origine dont ont été extraites les pierres ayant servi à la construction du château », détaille The Wall Street Journal, relayé par le quotidien français l’Opinion .
Sept mois de reconstruction
En attendant un acquéreur éventuel, l’ensemble des pierres – qui ne pèsent pas moins de 800 tonnes – sont stockées dans un entrepôt situé au sud de Bordeaux. Dans le cas où l’acheteur souhaitait reconstruire le château aux États-Unis, Alisanne Frew estime qu’il faudrait utiliser une quarantaine de conteneurs d’expédition pour transporter les pièces. À raison de deux conteneurs par semaine, « il faudrait jusqu’à neuf mois pour que ces éléments soient acheminés aux États-Unis », explique-t-elle au journal américain. Elle prévoit sept mois pour assurer la reconstruction du château.
Et là encore il faudrait débourser de l’argent. En 2014, lors d’une vente aux enchères, qui n’avait pas trouvé d’acquéreur en proposant le château à 200 000 €, Gilles Néret-Minet, le commissaire-priseur avait reconnu la complexité de l’opération. « L’acquéreur doit se lancer dans une aventure longue et coûteuse qui n’a rien à voir avec le montant de la mise à prix », avait-il déclaré, relayé par nos confrères du Figaro .
500 000 dollars sont à prévoir pour acheminer les pierres outre Atlantique et environ 3,2 millions de dollars sont nécessaires pour assurer la reconstruction de l’édifice, estime Alisanne Frew. Si aucune de ces contraintes ne freine un potentiel futur acquéreur, qu’il soit rassuré. Chaque pierre des quatre murs extérieurs a été numérotée afin de pouvoir remonter le château haut de deux étages – 14 mètres de haut sur 40,5 mètres de large – sur un autre terrain. Seule condition ? Disposer d’un espace d’au moins 1,21 hectare pour accueillir l’édifice de 1 300 mètres carrés.