
C'EST LA CHENILLE QUI REDÉMARRE
Par Gérard Biard - 05/12/2016
L'inconvénient des référendums, c'est que, souvent, les électeurs ne répondent pas à la question posée. Les Italiens viennent encore de le démontrer : en votant à près de 60 % contre la réforme constitutionnelle, ils ont d'abord voté pour éjecter Matteo Renzi, qui a fait l'erreur de personnaliser à outrance ce scrutin. Le jeune et plus si fringant président du Conseil a donc remis sa démission dans la foulée, enterrant le 62e gouvernement italien depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il reste à savoir maintenant quelle tête aura le 63e. Celle, pas franchement rassurante, de Beppe Grillo, qui avait invité les Italiens à ne pas voter avec leur cerveau, mais avec leurs tripes ? Celle de Matteo Salvini, le leader d'une Ligue du Nord en pleine mutation nationaliste ? Celle, fluctuante, des meilleurs ennemis internes de Matteo Renzi, qui attendent leur tour derrière le rideau de scène du Parti démocrate ? Ou pourquoi pas celle, revenante éternelle, de Berlusconi, pour rire un peu ? Avec Trump de l'autre côté de la table, les rencontres américano-italiennes auraient de l'allure.
L'ISF, emblème en péril
Le billet du jour, par Antonio Fischetti
On peut dire ce qu'on veut sur la gauche et la droite, mais il y a quand même – du moins en théorie – de petites différences entre elles. Il n'est pas inutile de le rappeler, surtout à une époque où de plus en plus de gens s'obstinent à brouiller les pistes. Dans le lot, quand vous avez un Emmanuel Macron qui se dit « pas à droite, pas à gauche », et une Marine le Pen qui, elle, se dit à la fois « et de droite et de gauche ». On comprend que les électeurs soient paumés.
De toutes les mesures qui permettraient de distinguer la droite de la gauche, il y en a une de taille : c'est l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), créé en 1982 par le gouvernement de Pierre Mauroy. Aux jeunes qui n'ont pas connu cette époque, rappelons que c'étaient les premières années Mitterrand, et personne n'aurait alors songé à nier toute signification au mot « gauche ».
Or, les temps changent. Il aura fallu quelques années avant de toucher à cet emblème qu'est l'ISF, mais de plus en plus de voix osent aujourd'hui réclamer sa suppression. C'est évidemment le cas de Fillon (et aussi de Juppé). Au PS, Macron a également suggéré de le supprimer. Valls l'a vaguement grondé, alors que lui-même, dans un livre publié en 2011, proposait « sans tabou de supprimer l'ISF, inutile car peu rentable ».
Il faut quand même préciser que l'ISF rapporte plus de 5 milliards d'euros par an. Ça n'est pas rien : presque autant que le budget du Ministère de la culture et de la communication (7,3 milliards d'euros en 2016). Même Marine Le Pen, dans sa lèche venimeuse aux prolos, avait déclaré que la suppression de l'ISF serait une « injustice ». Ne pas laisser le maintien de l'impôt sur la fortune à l'extrême droite, ce serait déjà au moins ça, être de gauche.
L'ÉCOLE DE FILLON, OU L'ANTI 68
Par Antonio Fischetti - 13/12/2016
C'est une mesure qui pourrait sembler anecdotique, mais qui résume bien la France rance promise par Fillon : le rétablissement du port de l'uniforme à l'école. Il contribuerait, dit-il, au maintien « du respect et de l'autorité ». Et pourquoi pas le retour des bonnets d'âne et des coups de règle sur les doigts ?
Le retour de l'uniforme a déjà fait l'objet d'une proposition de loi (rejetée) du député Guillaume Larrivé (LR) en 2015, et à en croire un récent sondage du Figaro, « près de six français sur dix y sont favorables ». On connait le refrain : l'uniforme gommerait les inégalités sociales, etc. Tu parles !
L'uniforme scolaire est déjà ridicule en soi. Mais il l'est encore plus, quand on sait que Fillon veut supprimer 500 000 postes de fonctionnaires et rallonger le temps de travail des enseignants (sous-entendu : ce sont de gros feignants). Ce qui fait respecter et aimer l'école, ce n'est pas la trouille du prof, mais le plaisir d'apprendre. Pour cela, il faut des enseignants bien formés, motivés et heureux dans leur job. Tout l'inverse de ce que nous annonce la guerre anti-fonctionnaire de Fillon : des classes encore plus surchargées et des profs encore plus dépressifs. Mais avec des élèves en cravate et jupe plissée, youpie tout ira bien ! Mai 68 voulait changer l'école. À cette époque, Fillon avait 14 ans. On ne sait pas ce qui se passait alors dans sa tête, mais il est possible qu'il ait souffert de voir la chienlit baba-cool se taper les plus belles filles du collège. Cela expliquerait qu'il veuille aujourd'hui prendre sa revanche en ressuscitant l'école de papy.
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