



UN PRINTEMPS FRANÇAIS
Par Antonio Fischetti - 03/05/2016
Dimanche dernier, grande première dans l'histoire du 1er mai. Jusqu'ici, les casseurs se plaçaient toujours en queue de manifs. Là, ils étaient en tête du défilé. De sorte que les organisations syndicales traditionnelles se retrouvaient contraintes d'avancer et stopper à un rythme imposé par les CRS.
En plus, la grande majorité de ceux qui se sont fait arroser de lacrymos n'avaient rien de Black blocs. D'ailleurs, mon appareil respiratoire peut témoigner qu'ils l'ont parfois fait de manière démesurée, dans des rues étroites où il y aurait pu avoir de dangereux mouvements de foule. En tout cas, cela a permis à la préfecture d'utiliser cette bonne vieille méthode, consistant à prétexter la violence d'une minorité, pour interdire l'ensemble du mouvement - notamment, hier soir, en fermant la place de la République à 22 h.
Et si cette interdiction était l'occasion de donner un nouvel élan à la révolte ? Par exemple, on pourrait passer de « Nuit debout » à « Journée couchée » ? Ou, mieux encore : « Journée dans la rue ». Cela s'appellerait grève générale, et permettrait au moins aux travailleurs qui se lèvent tôt d'y participer.
GoLDoZ a écrit :Thatcher, sors de ce corps, il est beaucoup trop petit pour toi !

UNE STANDING OVATION POUR ALAIN BAUER
Par Fabrice Nicolino - 05/05/2016
Au moment où tant de vilaines questions sur la nature exacte des violences urbaines - le réel, aux dernières nouvelles, est un ensemble complexe -, signalons une lecture : non traduit en français, « Undercover » (par Rob Evans et Paul Lewis, chez Guardian Books) raconte une bien belle histoire.
Pendant cinquante années, une unité spéciale des argousins britanniques a envoyé certains de ses membres dans des groupes gauchistes, pacifistes, écologistes. Attention ! avec de fausses identités et pour des durées si longues que certains perdreaux ont eu des gosses avec des militants. Ainsi qu'on se doute, ces policiers infiltrés ne se sont pas contentés de coller des timbres et de boire des bières. Ils ont provoqué bien sûr, et constamment incité d'autres qu'eux-mêmes à sortir des clous.
Bien sûr, ce n'est pas chez nous qu'on verrait cela. Ce n'est pas chez nous qu'on verrait un Alain Bauer passer sans transition du cabinet d'Alliot-Marie quand elle était ministre de l'Intérieur - le point de départ de l'Affaire Tarnac, c'est lui - à celui de Manuel Valls, à qui il adresse, bénévolement paraît-il, des conseils de maintien de l'ordre. Qu'on est bien, à la maison. La France, ce pays provincial qui ne s'intéresse guère qu'à lui-même...


LES INNOMBRABLES FAUX DERCHES DE L'AFFAIRE BAUPIN
Par Fabrice Nicolino - 12/05/2016
Modeste contribution au dézingage en ligne de ce pauvre Denis Baupin. Il serait bien étonnant que le calendrier n'ait pas joué un rôle dans l'explosion médiatique en cours. Rappelons que Baupin a quitté les Verts il y a un mois, après 27 années de présence. On se demandera jusqu'à la fin des temps si son départ n'a pas déclenché l'hallali interne. Comme s'il devenait loisible de lancer la chasse à courre. Car en effet, on a vu brutalement sortir du bois une meute conduite par le nouveau chefaillon David Cormand, homme de main et de paille de Cécile Duflot. La veille au soir, ils ne savaient rien de rien, quand tout le parti parlait de cela depuis des années. Et le lendemain, enfin rendus à la lucidité, ils mordaient à pleines dents les roubignoles de l'ancien chef écolo.
Enfin, pour ne pas mourir complètement idiots, insistons sur la circulation du pouvoir dans une structure où cinquante personnes, qui se connaissent tous, décident de la moindre orientation.
Si Duflot, et avant elle Placé, Bennahmias, Voynet et bien d'autres n'ont rien branlé - joke -, c'est aussi parce qu'il fallait ménager un Baupin, homme clé de nombreuses majorités dans le parti. Ce n'est pas la seule explication, mais celle-là se pose là. Au premier rang.

LA LONGUEUR DE NOS RACINES
Par Iegor Gran - 13/05/2016
Les « racines chrétiennes de l'Europe » me chatouillent ce matin : que de bruit, que d'invectives !... Nos intellectuels - unanimement hystériques. « L'Europe n'est pas chrétienne », a dit Moscovici, et les voilà au bord de la syncope. Pour eux, la Grèce antique n'a jamais existé. Faut dire qu'elle n'est plus tellement enseignée chez nous, la Grèce. Et qu'elle est sacrément endettée. Envahie de migrants. Elle serait en Turquie, la Grèce, que personne ne s'en émouvrait, au contraire, ce serait comme un soulagement.
On oublie un peu vite (l'a-t-on jamais su ?) que l'humanisme, tel qu'il s'est développé depuis la Renaissance, avec sa soif de connaissances scientifiques, sa recherche de vérité et de justice, doit infiniment plus à la philosophie grecque qu'au christianisme. Et il n'y a pas que la Grèce dans nos racines. Si on les prend un peu plus courtes, il y a aussi les barbares. Pas si négligeables que ça, les barbares. Ils reviennent périodiquement, les barbares. Le vingtième siècle en sait quelque chose. Tout est une question de longueur, finalement, pour les racines comme pour le reste.






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