Être homo dans un milieu homophobe = 12 ans d’espérance de vie en moins
LGBT – « Vous êtes ici parce que vous tenez comme acquis l’idée toute simple que ce monde serait bien meilleur si nous faisions tous l’effort d’être moins infâmes les uns à l’égard des autres ». Ces mots, prononcés par l’actrice Ellen Page au cours d’une soirée de soutien à la jeunesse LGBT organisée par Human Rights Campaign le 14 février dernier ont fait le tour du monde. Un coming out « pour faire une différence », a-t-elle expliqué, et « aider les autres à avoir une vie plus facile ».
Hasard du calendrier, une étude de l’école de santé de l’Université de Columbia (New York) rendue publique le même jour ne donne que davantage de gravité aux propos de la jeune actrice. Témoignage des conséquences directes de l’homophobie aux Etats-Unis, celle-ci estime qu’être homo (lesbien, gay ou bisexuel) et vivre dans un milieu homophobe réduirait l’espérance de vie d’une douzaine d’années par rapport à un milieu plus tolérant.
« Nos résultats montre que les membres de minorités sexuelles vivant au sein de communautés caractérisées par un degré élevé de préjugés meurent plus tôt que ceux dont ce n’est pas le cas, ces effets sont indépendants d’autres facteurs liés à la mortalité tels que les revenus du ménage, le degré d’éducation, le genre, l’appartenance ethnique, l’âge, mais aussi les revenus moyens et le niveau moyen d’éducation des communautés au sein desquelles les participants vivaient », explique Mark Hatzenbuehler, professeur assistant de sciences socio-médicales en charge de l’étude.
Mortalité plus élevée
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont établi une mesure permettant d’évaluer le niveau moyen de préjugés au sein des communautés où les participants à l’étude habitaient. Grâce aux données provenant d’une vaste étude américaine, le General Social Survey, ils ont pu remonter 30 ans en arrière, et étudier la population sur une période s’étendant de 1988 à 2008.
Ces données sur l’orientation sexuelle et le niveau de préjugé ont ensuite été comparées aux données sur la mortalité du National Death Index. De cette manière, les chercheurs ont pu comparer l’espérance de vie moyenne des personnes homosexuelles en milieu à fort et à faible préjugés à leur encontre.
À la fin de l’étude, 92% des répondants vivant dans une communauté tolérante étaient encore en vie contre seulement 78% de ceux évoluant au sein d’un groupe peu tolérant.
Ça ne s’arrête pas là. Dans les milieux peu tolérants, le taux de suicide, d’homicides, de violence et de maladies cardiovasculaires étaient eux aussi plus élevés. Le suicide y survient en moyenne à l’âge de 37,5 ans, contre 55,7 pour les homosexuels et les lesbiennes qui vivaient dans les communautés les plus tolérantes. En ce qui concerne les homicides, ils étaient trois fois plus fréquents dans dans les milieu à fort préjugé anti-gay.
« Les facteurs d’agression psychosociaux sont fortement corrélés au risque cardiovasculaire et ce type de stress pourrait être la voie à travers laquelle les préjugés ont une incidence sur la mortalité. La discrimination, les préjugés et la marginalisation exercent des demandes facteurs de stress sur les individus stigmatisés », conclut le docteur Hatzenbuehler.
HuffingtonPost